Notes géographiques, historiques et statistiques sur la commune de Bouée par Mr FRASLIN

Source

"Le Glaneur Savenaisien"

1886 et 1887

 

 

 

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A l'origine Bouée n'eut qu'une chapelle desservie irrégulièrement; cette chapelle date de 1550. Elle fut, s'il faut en croire la tradition, construite grâce aux libéralités d'un anglais (peut-être du Seigneur du Châtelier dont l'origine semble être irlandaise) et désservie par un prêtre ermite qui habitait dans une chambre terrassée, munie d'une cheminée et construite au-dessus de la voûte. Cette salle fut sans doute avant la révolution le lieu de réunion du Conseil municipal. En effet, toutes les séances avaient lieu à la sacristie. 

  Ce monument est de style ogival. Au milieu, une colonne sur laquelle viennent s'appuyer les arcades de l'ogive, soutient l'édifice. D'autres courbes, réunies aux précédentes pour former voûte, ont pour supports les murs de la chapelle.

 

 Sur les parois, à l'une des extrémités, des sculptures semblent indiquer l'emplacement d'un autel. Un des dessins, malheureusement caché par une couche de lait de chaux, paraît être un écusson.

 

  En 1606, sans doute époque ou l'église fut desservie par un vicaire de Savenay, la chapelle devenue par ce fait insuffisante fut agrandie; la dernière partie fut bâtie en 1629.

 

  A une époque inconnue un marin de la Bazillais apporta d'un voyage une statue en albâtre représentant la Vierge et en fit cadeau à l'église. Aux dire des connaisseurs, cette statue aurait une certaine valeur artistique.

 

  A la même date, le même donna un calice de même provenance qui a disparu enlevé par des voleurs dans la nuit du 7 au 8 septembre 1772. 

   Les malfaiteurs de ce temps, quoi qu'on puisse dire, étaient audacieux et auraient pu, sous ce rapport, donner le pion aux nôtres. Ils pénétrèrent dans la sacristie en perçant le mur et, à partir de ce moment, les ornements furent déposés chez un habitant du bourg. 

   Ils firent leur besogne avec toute la sécurité d'honnêtes travailleurs. Il n'est pas inutile de dire que l'église était entourée par le cimetière.

   Le sacristain avait refusé d'y coucher; il consentit à faire des rondes chaque nuit autour de l'église. 

   Le fit-il ? Ceci reste à savoir et surtout à deviner !!.....(1) 

   Au point de vue religieux, la trève de Bouée dépendant de la paroisse de Savenay dont  le recteur percevait annuellement sur les tréviens 2.800 livres de dîmes et voulait bon gré mal gré leur imposer les réparations de l'église. De là réclamation du corps délibérant. Cette contestation se termina à l'amiable et le corps municipal, après avoir pris une longue consultation d'avocats finit par obtenir satisfaction. Le recteur de Savenay céda volontairement !! (2) 

   Les habitants ne cessèrent par l'entremise de leurs représentants de demander leur indépendance comme paroisse.

   La révolution vint sans que les réclamations faites à ce sujet eussent été écoutées.

   L'érection en succursale ne devait avoir lieu qu'en 1802

  La période révolutionnaire fut relativement assez calme, bien que marquée par quelques incidents graves.

    Le 3 décembre 1790 le corps municipal, à la majorité de 12 voix contre 6, demanda l'adjonction de la municipalité de Bouée au district de Blain. A la suite de la protestation motivée de M. Roulland, Maire, le conseil maintint sa première décision.

    La résolution ci-dessus parut à l'administration du district de Savenay prise dans le but évident poursuivi par la municipalité de Bouée de se soustraire à un contrôle qui la gênait. Aussi cette demande n'eut aucune suite, et Bouée resta comme devant dépendant de Savenay.

    Le 31 mai 1791, le recteur de Savenay, Anne - François - Jean de Dieu Monlien prêta le serment constitutionnel devant la municipalité.

    La fête de la fédération célébrée déjà en 1790, le fut d'une manière plus solennelle le 14 juillet 1791. Le serment prononcé à cette occasion est particulièrement curieux et mérite d'être transcrit en entier, en voici le texte: "L'an 1791, le 14juillet, à midi, se sont trouvés pour célébrer l'époque de la fédération universelle du Royaume, MM. Roulland Louis, Marc de Lespinay, Seignard, procureur de la commune, Vincent Magouet, Alexandre Bertaut, Jean-Marie Bourdic, Augustin Magouet qui tous ont juré d'être fidèles à la Nation, à la Loi et au Roi, de soutenir la constitution, décrétée par l'Assemblée nationale et sanctionnée par le Roy, ensuite pareillement juré d'employer les armes remises entre leurs mains, à la défense de la patrie et à maintenir contre les ennemis du dedans et du dehors la constitution votée par l'Assemblée nationale, de mourir plutôt que de souffrir l'invasion du territoire français par des troupes étrangères, de n'obéir qu'aux ordres qui seront donnés en conséquence des décrets de l'Assemblée nationale."

 

  (1) A leur entrée en fonctions, les marguilliers faisaient l'inventaire des ornements dont ils étaient tenus responsables. Les registres du général des pauvres, étaient enfermés dans des coffres fermant à clefs, l'armoire où étaient les objets précieux à trois clefs; les coffres des pauvres et des archives en avaient seulement deux. Les marguilliers et le vicaire avaient ces clefs.

 (2) Le mot feuillette s'appliquait à l'administration temporelle comme l'expression actuelle de commune. Au contraire, trève impliquait plutôt l'idée de dépendance par rapport à une paroisse. 

 

 

 

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