Notes géographiques, historiques et statistiques sur la commune de Bouée par Mr FRASLIN

Source

Source: "Le Glaneur Savenaisien"

1886 et 1887

 

 

 

 

 AVANT-PROPOS

 

 

    Quelques personnes ont étudié certains faits isolés avec une grande compétence. Mais jusqu'à ce jour, aucun travail n'a été fait qui comprenne tous les renseignements nécessaires pour faire voir la marche du progrès dans chaque localité. C'est dans ce but que celui-ci a été entrepris. Il faut espérer que d'autres suivront cette exemple et que, dans quelques années, la Loire-Inférieure* possédera un travail d'ensemble présentant des détails assez complets pour permettre de connaître la richesse de chaque partie, l'état de prospérité dans les temps anciens, si possible, et certains évènements ignorés et pourtant fort intéressants.

 

    Cette étude présente des lacunes nombreuses; bien des points méritent d'être éclaircis davantage; mais le temps nécessaire à cette besogne fait malheureusement défaut. Cependant rien n'a été avancé qui ne repose sur des documents et, quand ceux-ci ont manqué, sur la tradition.

 

    La partie statistique offre ceci de saillant, c'est qu'elle contient, à côté des prix actuels de certaines denrées, la valeur ancienne, et cela, afin de servir de point de comparaison.

 

    A défaut d'une évaluation rigoureusement mathématique, la livre monnaie a été considérée comme l'équivalent du franc, quoique réellement cela ne soit pas exact. Lorsqu'il  a fallu calculer sur les vielles mesures utilisées ici, la correspondance avec celles du système métrique a été donnée.

 

Le temps faisant défaut, il n'a pas été possible de joindre des cartes à cette étude.

 

 

CHAPITRE I

 

    Bouée commune de 833 habitants, est situé en aval, à environ 32 kilomètres de Nantes.

 

    Il confine aux communes de Cordemais, de Malville, de Savenay et de Lavau. Ses limites naturelles sont: au sud, l'étier de Cordemais et la Loire, à l'ouest l'étier du Syl, qui le sépare de Lavau, au nord, une douve d'écoulement des prés-marais, au nord-est et à l'est, un ruisseau qui borne, en un point seulement Malville et Savenay. En dehors de cette ligne, cette commune pénètre dans le territoire de Malville assez avant, pour s'arrêter, à Croisac, au pied du sillon de Bretagne.

    Sa plus grande longueur est d'environ 7 kilomètres et sa plus grande largeur de 6 kilomètres.

    Sa forme est bizarre, la distance de son chef-lieu au point de démarcation de Savenay est de 2 kilomètres à peine, à celui de Malville, 2 kilomètres, à celui de Lavau, 2 kilomètres et à celui de Cordemais 4 kilomètres. Le bourg est situé à 4 kilomètres de celui de Cordemais, à 7 kilomètres de celui de Malville, à 6 kilomètres de Lavau.

    Sa superficie en chiffres ronds est de 2.542 hectares, sa population est peu considérable relativement à son étendue (pas tout à fait 1 habitant pour 3 hectares). Ce chiffre n'a rien d'étonnant, si l'on considère que près de la moitié du territoire est occupé par des prairies dont la culture exige un petit nombre de bras. 

Bouée est traversé, sur une longueur  d'au moins six kilomètres, par la Loire, à laquelle viennent aboutir des étiers (ceux de Cordemais, de la Coquerais, du Bout-Hardy, de la Vallée du Pas et du Syl). Ces étiers forment avec les douves qui s'y embouchent, tout un utile et important système d'irrigation.

    Bouée possède deux îles, l'île Neuve et l'île du Vasous. Ces terres, s'il faut en croire le témoignage des viellards, doivent avoir une origine peu reculée. Beaucoup se rappellent en avoir vu le terrain aussi mou que de la vase; ce qui indiquerait, il n'en faut pas douter, une formation récente. L'île du Vasous doit son nom à cette particularité.

    Ces îles, par la suite du changement des courants, se sont modifiées sensiblement depuis l'établissement du cadastre. L'île Neuve s'est accrue beaucoup, au contraire le Vasous est resté le même quant à la grandeur, bien que sa position, par rapport à Pierre Rouge, ait changé. Le côté ouest de l'une tend à rejoindre la pointe est de l'autre.

    L'administration des domaines a vendu 15 hectares d'alluvions nouvelles; l'accroissement est beaucoup plus grand, car les propriétaires, à la suite d'un procès engagé et perdu par la même administration ont été mis en possession des terrains contestés sans paiement préalable.

    C'est pourquoi, il n'est guère possible de donner l'agrandissement exact venant de ce chef, puisque la contenance nouvelle ne doit pas figurer au cadastre.

    En 1789, l'extrémité du Vasous était à 25 mètres à peine de Pierre Rouge. Aujourd'hui, elle en est éloignée d'au moins un kilomètre. Le propriétaire de cette île, M.Leloup, avait obtenu du gouvernement l'autorisation de construire sur le rocher un pied-à-terre de chasse.

Ces diverses modifications ont diminué le chenal où les vaisseaux passaient autrefois sans difficulté. Longtemps la ville de Rohard fut un lieu d'escale pour les passagers de la basse Loire.

    Il est même question qu'il y fut construit des navires sur un chantier installé à l'étier du Bout-Hardy.

    Les rives de la Loire y sont généralement très plates; il n'y existe que trois rochers de quelque importance, les roches de Bouée, surmontées d'une tour, dangereuses pour la navigation et trop souvent le théâtre d'accidents (2), les rochers de Rohard et les rochers du Tertre, près des ruines du couvent de Sainte-Hilaire.

    Au point de vue du relief du sol, Bouée présente un plateau, au centre, entouré de tous côtés par des prairies plus basses.

    De telle sorte, qu'à l'examen attentif de cette forme, on serait tenté de croire que Bouée fut un jour entouré par la Loire, qu'un bras du fleuve suivait l'étier de Cordemais, pour retourner le rejoindre plus bas, après avoir traversé les marais de la Roche et de Savenay. Le sol des prairies est une boue (vase provenant d'alluvions) qui recouvre un terrain sableux d'une saveur légèrement saline. La ressemblance du sous-sol avec le sable du lit de la Loire indiquerait le passage de ce cours d'eau autour de Bouée, dont le centre aurait été une île.

    Voilà pour les géologues un sujet d'études, une question a élucider qui pourrait avoir une certaine importance au point de vue de l'historique du régime ancien du fleuve. 

 

 

  (1) ancien nom de la Loire-Atlantique

    (2) Le 1er Frimaire, An III, (21 novembre 1794) le citoyen Giraud, de Pornic, 2e capitaine du chasse-marée Hirondelle N°1, déclara que le 27 Brumaire (17 novembre 1794) son bateau avait échoué sur les roches de Bouée, s'était enfoncé de derrière, avait eu l'étrave de devant emportée et s'était rempli au montant de la marée.

 

PAGE 1

 

 

au loin Savenay

 

 Rohars

 

Bouée le bourg

 

Lavau sur Loire

 

Etier du Syl

 

Cordemais le port

 

Ecluse sur l'étier de Rohars

 

Ecluse dîte du Pont qui tourne

 

Carte ancienne

Carte de Cassini ( cliquer pour agrandir)

Le quai du port de Rohars (2004)

 

 

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